La page web de l’intervenant: https://applicationspub.unil.ch/interpub/noauth/php/Un/UnPers.php?PerNum=881059&LanCode=37
Nouvelles technologies, nouveaux enjeux sociaux
(état 2014 -> le web changeant constamment [Facebook en est un excellent exemple: celui d’aujourd’hui est très loin de celui de ses débuts])
Des identités individuelles et collectives comme transparences négociées et subies
- appréhender l’individuel et du collectif par rapport à ces outils
- regarder l’utilisateur, le citoyen, la personne; comment il se constuit une identité
- panorama de l’actuel
- rien n’est jamais acquis, on peut se retrouver très rapidement en marge alors que l’on état au centre de l’échiquier
La limite de cette contribution est qu’elle est éphémère, en ce qu’elle se fonde sur l’évolution du web.
Tendance 1: la colonisation technique de l’intimité
- nouvelles habitudes des jeunes qui passent bcp (trop) de temps en ligne:
- 57 % des personnes échangent plus avec des personnes en ligne que dans le RL
- 48% des 18-34 ans consultent FB au réveil…
- Au quotidien chaque individu ne dialogue en ligne qu’avec 5-8 personnes… malgré le fait d’avoir des centaines d’amis sur FB -> on reste en lien avec des gens proches… avec le réel -> proximité géographique… paradoxe d’un web global qui est utilisé avant tout au niveau local).
- La structure des échanges se fait autour de structures réelles (institutions comme les écoles).
- les acquis ne sont plus des acquis: on interagit plus (+) par les écrans qu’en face à face
- on échange des messages par Facebook aussi durant le culte: il n’y a plus de lieux sacrés
- Les réseaux sociaux sont devenus un moyen d’accéder à la connaissance de soi
- Les réseaux sociaux sont un filtre sur le monde: tout passe par eux
- Le web est souvent proche des logiques locales.
- La connectivité n’est pas l’abandon de l’être ensemble!
Tendance 2 : [non présenté ici]
Tendance 3: L’importance des flux
- Les jeunes sont conscients d’être « suivis » et le voient « positivement » (on se soucie de nous).
- Du point de vue des utilisateurs, les réseaux sociaux sont des espaces de mise en scène: trivial, vulgaire, sérieux, personnel, intime, etc.
- Pourquoi fait-on cela? Quelle est notre attente en faisant cela? Comment l’interpréter?
- L’origine de FB est fondée sur une logique de concours de popularité (FB est le reflet de pratiques qui existaient avant -> noter les plus jolies filles du campus…)
- Les utilisateurs sont le « produit » (bienvenue dans le monde de la consommation)
- dessin cochons qui discutent: quand tout est gratuit, c’est vous le produit: http://seapegasus.org/?p=290
- voir l’excellent ouvrage de Julien Azam (http://www.amazon.fr/Facebook-anatomie-dune-chimère-JULIEN/dp/B009P3HY4S)
- Si c’est gratuit, vous êtes le produit: https://www.youtube.com/watch?v=8vLSf1i4E7A
- Le réseau social présuppose qu’on va exposer une information et qu’on a la volonté de la partager
- La sphère privée n’a pas disparu, elle a changé
Une question à se poser est celle du rapport qu’on entretient avec les plateformes de réseaux sociaux
Pistes pour aller plus loin:
- Ce serait assez intéressant d’étudier les 5-8 interactions quotidiennes sur les réseaux sociaux: quelle répétition? quels facteurs de changement, d’évolution?
- c’est aussi l’algorithme qui pousse à ça.. FB présente en premier les contacts avec qui on a le plus d’interaction… du coup on s’enferme dans sa bulle d’amis.. de gens qui sont semblables
- en effet, ceci dit, l’algorithme n’a que peu d’influence sur la messagerie instantanée
- Les réseaux sociaux sont-ils, définissent-ils, déterminent-ils une recomposition de l’affectivité ? Bonne question!
- Ils le sont dans la mesure où ils permettent l’expression d’un besoin d’affectivité auxquels certains peuvent répondre
- Ils les définissent peut-être en posant le présupposé que l’interaction visible et publique est la brique qui construit l’affectivité
- Ils les recomposent dans la mesure où il peut y avoir parfois un amalgame entre réel et virtuel qui peut amener une interaction virtuelle à avoir une incidence sur une relation (exemple: bidule n’a pas liké mes 3 derniers posts, c’est donc certain que je ne l’intéresse plus!)
Les plus belle filles ont un A ou un E dans leur prénom 😛 Ma fille s’appelle Elina… je suis donc d’accord 😉
Pour exister en ligne il est nécessaire de:
- se montrer
- s’afficher
- se donner à voir
La réponse des autres c’est la preuve de l’existence sociale -> conséquence:
- valorisation des réactions (positives et négatives -> on préfère du négatif que rien !)
- et paradoxe de solitudes connectées
Certains jeunes préfèrent quitter FB plutôt que de vivre un « échec virtuel »… ou n’ont pas l’énergie de maintenir leur présence.
Logiques de réciprocité, de partage des signes de reconnaissance, partage -> phénomènes de « fusions informationnelles »
L’ensemble des traces publiées:
- sont des preuves d’amité et de hiérarchie
- valide les relations amoureuses
- sont des signes tangibles de l’appartenance au groupe
- mesures de la popularité
On peut exprimer des choses que l’on exprimerait pas autrement, mais sans naïveté de la part de ceux qui le font.
Les jeunes utilisateurs sont moins naïf qu’avant:
- tout le monde jour la comédie,
- choisit ses photos
- sorte de passeport sociométrique
Tout le monde ment sur FB (pour améliorer son image) – Grégory House avait raison!
- montrer
- cacher
- divulguer
- occulter
Montée en puissance du chat (WhatsApp) et de jeux virtuels (Snapchat -> photos « éphémères ») et captures d’écran de ce que d’autres font pour le redifuser plus loin…
Les stratégies de communication sont plus complexes actuellement -> il y a des enjeux (fiabilité) qui sont nouveaux.
Participation
Confrontation constante au reflet de son image telle que recombinée et reconstruite par les autres
- apprendre à gérer les temporalités et les processus d’escalade.
- apprendre à décrypter et mettre à distance les constructions biographiques proposées par les « amis »
- apprendre à maitriser la construction de l’image de soi dans un contexte ouvert mais balisé par les normes sociales
FB pourrait être un espace de liberté… mais est aussi un système de contrôle social fort qui peut être normatif (positivement comme négativement)
Vers une nouvelle culture de la participation
- critère « esthétique » utilisé pour définir si une personne peut faire partie d’un groupe ou pas…
FB n’est pas un réseau social: chaque info est « calculée » / pondérée (c’est une construction mécanique)
=> ce serait quoi un social non construit? non matériel? Il me semble que les réseaux sociaux ne font pas grand chose d’autre que de médiatiser les mécanismes qu’on fait de manière inconsciente
Sur les réseaux sociaux: http://pierremerckle.fr/2011/02/sociologie-des-reseaux-sociaux/
Promesses génériques:
- le rapprochement des esprits
- nouvelle sociabilité (refonder le social , faire communauté, à nouveau… sans médiation technique
- nouvelle espace public ou polarisations fractales (il semblerait que les systèmes qui nous proposent du contenu qui pourrait nous intéresser va plutôt dans le sens de « cloisonner » les gens qui en arrivent à ne plus pouvoir comprendre que l’on puisse penser autrement qu’eux… et les gens de leur groupe)
- promesses du présent (agir ensemble / partager un vécu proche
- nouvelles dépendances / nouveaux pouvoirs? Impact du « black-out » de wikipédia qui a permis de changer le résultat du vote d’une loi aux USA (PIPA/ACTA)
- action dans le monde « réel » à la suite d’une mobilisation sur le web.
Le web, c’est aussi, l’espoir, la promesse de pouvoir agir ensemble.
Espace public revisité
- Face à la multiplication des arènes, quelle lisibilité pour la sphère publique? -> fatigue
- Possibilité de donner son avis sur tout en tout temps? Pour quelles finalités?
- La multiplication des instances de participation conduit-elle à une prolifération de sous-espaces publics ou seule l’illusion de la participation est entretenue?
- Les usages des processus participatifs en ligne, un passage obligé et une nouvelle méthode de légitimation?
- Emergence d’une culture de la participation nourrie par la culture del’usage participatifs des TIC ou banalisation des formes de participation éphémères
NB: Est-ce que liker = aider? http://www.ufunk.net/publicite/liking-isnt-helping/ (si on était sur facebook, j’aurai liké!)
Le triomphe de participation triviale
quelle transparence sur les modalités de la participation?
la valeur marchande de la participation
-> tyrannie du récent vs mémoire commune
-> on estime que les réseaux sociaux sont à 35% le fruit de l’activité des robots (spams, pilotage politique, expérimental) -> est-on certain d’interagir avec un humain? -> nouveaux dangers de manipulation
-> les extrémistes et les incompétents s’expriment plus que les autres !
-> une double peine pour les exclus numériques (pauvres et personnes qui ne sont pas à l’aise avec les TIC) dans une société qui s’appuierait essentiellement sur des formes de participation en ligne
Conférence Olivier Glassey en bref
- vision du monde via les réseaux sociaux. (nos amis sont les médias)
- en moyenne 130 amis sur fb… mais seulement 5-15 contacts réguliers
- constante connexion avec ce mini groupe
- On ne partage que ce que l’on veut bien. Ce n’est pas la fin de la vie privée.
- De nombreux jeunes quittent fb par ce qu’ils n’arrivent pas, ne veulent pas suivre ce mouvement qui veut que l’on se mette en avant. (c’est quand même l’uni de Harvard à la base de FB, l’élite des USA qui se met en avant)
- Fb commence à décliner au profit de microblogging, de messagerie instantanées… juste échanger avec les 5-15 amis réguliers.
- Une raison pour FB d’avoir racheté whatsapp…
- promesse de FB de pouvoir agir ensemble.
- est-ce que les règles du web peuvent s’appliquer à la vie réelle ? http://wikicratie.ch/
- économie de l’attention => « social fatigue »… trop de sollicitations à devoir « participer » => est-ce que j’ai vraiment besoin de participer ?
- hold-up sémantique.. « sociale » => avec des machines ?, « amis » => contact
- tyrannie du récent. L’algorithme de Edgerank de FB favorise ce qui est récent. => est-ce qu’il n’y a que ce qui est récent qui compte ? => les wiki sont intéressants pour contrebalancer cet effet.
- les extrémistes et les incompétents font plus de bruit que les autres !
- Ne pas oublier les gens qui sont « déconnectés » par ce qu’ils ne peuvent pas ou ne veulent pas… => ce sont aussi des gens qui ont un avis et peut être meilleur que celui d’incompétents ou d’extrémistes !
Prolongations (avec Paolo Mariani)
Question de Gilles Bourquin: Qu’est-ce qui relève d’un changement social porté par les réseaux et qu’est ce qui est simplement une réalité anthropologique? Qu’est ce qui est vraiment nouveau, et qu’est-ce qui est transformé?
- L’être humain n’a pas changé, ses besoins non plus
- La différence actuellement c’est que la méchanceté « reste » (il y a une trace écrite…), le moyen est plus puissant, par contre, il faut aussi noter qu’il est possible de fuir le réseau social, ce qui est plus dur quand on est cerné dans la cour d’école
On est au début… on peut se demander comment les choses vont évoluer et quels impacts ces nouvelles technologies vont avoir sur la durée
On est maintenant dans une situation où les jeunes en « savent » plus que leur parents… une situation qui semble changer avec des parents qui se « branchent » aussi afin d’être en lien avec leur progéniture
=> la question qui est soulevée ici est toute celle du rapport à la technique qui aujourd’hui est de plus e plus offerte au monde bien avant que son mode d’emploi soit mis à jour… (le bouquin de Neyrinck est intéressant à ce sujet: http://www.ppur.org/produit/569/9782889140190/ )
Chaque génération a négocié les problèmes des outils avec ses parents (vélomoteurs comme Facebook) 😉
L’éclatement de l’info / des sources d’info n’est pas nouvelle: au 19e siècles il y avait 200 journaux à Paris (chaque politicien avait son canal de comm.).
Qu’est ce qui émerveille aujourd’hui? Quelle conscience d’être face à une technologie qui nous dépasse?
Quel est notre rapport au monde via ces dispositifs? Comment allons-nous « métaboliser » ces infos?
On n’est pas du tout homogène quant à notre manière d’envisager la vie privée et les pratiques, même dans une même classe d’âge.
–> comment allons-nous vivre ensemble avec cette diversité?
La domestication (au niveau social) d’une technologie est de l’ordre d’une trentaine d’années: on est encore au début…
Le monde virtuel est accédé via un écran actuellement… et dans quelques années (Google glasses…)?
[Ces notes ont été prises en commun ici à l’aide de Framapad (http://lite4.framapad.org/p/webprotestant). Seules quelques coquilles ont été corrigées pour être présentées ici.]